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Ne pas reculer et les batailles de Monsieur Chartrand n'auront pas été vaines

(Ce texte date de 2010, et a été publié originalement sur la plateforme de blogue posterous.com, qui n'existe plus aujourd'hui.)

Comme beaucoup de gens de ma génération, le premier contact que j'ai eu avec Michel Chartrand fut au Cégep. C'était en 1995 à Matane. Je ne me souviens plus si c'était avant ou après le référendum sur la souveraineté. Ce monsieur, déjà âgé pour des yeux de cégepiens, faisait des conférences dans tous les cafés des institutions collégiales de la province de Québec.

Les jeunes auditeurs qui pouvaient être perplexes au début du discours, s'enthousiasmaient au fur et à mesure que les mots et les idées de Chartrand tonnaient; Sa parole était fringante comme une jeune pouliche ruant dans le confort et l'indifférence. Il était un grand orateur ! On parle souvent de Bourgault, mais le syndicaliste ajoutait à ses allocutions quelque chose qui manquait à celles de l'ancien président du RIN … l'humour ! Michel Chartrand était drôle et capable d'auto-dérision. En plus, il sacrait, ce qui le rendait sympathique aux yeux des jeunes révoltés de salon que nous étions.

Même si je ne suis pas devenu un grand activiste ou un militant à sa mesure, Monsieur Chartrand aura insufflé en moi des valeurs qui germent dans mes pensées et mes gestes de tous les jours, comme seul un éveilleur de conscience peut le faire. Lui et bien d'autres auront fait de moi un meilleur être humain.

Il nous quitte à un bien drôle de moment

Les héros défendent les plus faibles et la dignité humaine. Michel Chartrand était un héros. Il proposait un revenu social garanti, tandis que John James Charest lui, propose une «cotisation santé» et peut-être une «franchise pour chaque visite médicale». Autrement dit, une taxe sur la maladie qui sera imposée également aux plus démunis et aux plus malades de notre province. Les riches eux, iront se faire soigner sans attendre, car ils ont les moyens de se payer des soins privés. Ces mêmes riches qui vont cacher leur argent dans les paradis fiscaux.

Pourtant nous, nous contribuons tous à l'enrichissement de ces grosses légumes : En achetant leurs produits, leurs services, en subventionnant leurs expansions et en travaillant pour eux. En retour, ils semblent refusés de contribuer à la redistribution de la richesse dans notre société.

La «cotisation santé» rapportera d'ici 2012, 1 milliard par an à l'état québécois. Alors combien rapporteraient des mesures pour mettre fin aux paradis fiscaux, si on considère qu'en 2009 c'est «100 G$ d’investissements que les compagnies canadiennes y ont détournés» ?

Je ne sais pas exactement, mais cela représenterait déjà beaucoup plus que ce qu'encaissera l'état avec cette taxe sur la maladie ! Et pourquoi nos gouvernements ne vont pas dans ce sens alors ? Parce que cela ne plairait pas aux grands seigneurs du patronat.

Quels intérêts servent nos élus ? Force est de constater que nous sommes encore loin de ce que prônait Monsieur Chartrand, c'est-à-dire «la démocratie pour le peuple et par le peuple».

D'autres sont là et d'autres viendront

La disparition de Michel Chartrand est une grande perte pour la société civile québécoise. En revanche, il reste d'autres héros. Certains travaillent au grand jour, d'autres sont plus obscures, voir anonymes. Pourtant ils s'affairent tous à faire le bien pour le progrès de notre coin de pays.

Et sûrement que plusieurs d'entre eux choisirent cette voie en entendant parler, dans le café étudiant de leur cégep, cet homme fier et droit qui avait en aversion la misère de ses semblables.

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