Stratégies pour une révolution écologique et populaire, Peter Gelderloos

Paru aux Éditions libres, ISBN 978-2-490403-63-9.

«Convaincu que les États, les organisations internationales et la société capitaliste sont incapables de résoudre la catastrophe écologique qu'ils ont eux-mêmes précipitée, l'auteur défend l'approche révolutionnaire des communautés qui, à travers le monde, s'opposent à toutes les politiques technocratiques et néocoloniales sur lesquelles repose le capitalisme vert.»

Couverture du livre Stratégies pour une révolution écologique et populaire par Peter Gelderloos

Citations

Chapitre 1. Une vision élargie

Page 27

«Réaliser que les autres êtres vivants possèdent leur propre voix nous aide à percevoir la façon dont tout est lié, et à comprendre pourquoi nous ne pouvons pas adopter une approche fragmentaire de la crise écologique.»

Page 41

«Des écrivains comme James C. Scott ont déjà remarqué la tendance des dictateurs à favoriser les grands projets d'infrastructure, surtout lorsque ceux-ci détruisent les écosystèmes qui avaient servi d'habitats protecteurs aux mouvements de résistance, comme les marais Pontins, près de Rome, ou les marais mésopotamiens en Irak.»

Page 44

«Le militantisme à enjeu unique est une aliénation capitaliste transposée sur le terrain des luttes sociales.»

Page 45

«L'activisme monothématique, sur ce front, correspond à la focalisation presque exclusive sur les émissions de gaz à effet de serrre et à l'évitement intentionnel de toute engagement profond avec les luttes indigènes, le colonialisme, le capitalisme ou la guerre sociale. Cela implique, en fait, d'enfermer le sujet du changement climatique afin qu'il n'entre pas en dialogue avec un millier d'autres conflits et crises simultanées et liées entre elles, empêchant ainsi l'émergence d'un champ de lutte partagé dans lequel nous pourrions mettre en commun tous nos griefs, nos blessures et nos besoins, non pas selon une logique d'homogénéité ou de similitude, mais selon une logique écosystémique, qui reconnaît la possibilité d'une interrelation mutuellement bénéfique des différences.»

Page 47

«Le nom proposé pour nommer la nouvelle époque est anthropocène, l'âge géologique des humains, anthropos, qui inscrivent leur présence jusque dans les roches et les processus chimiques de la planète. Dans quelle mesure est-il juste, exact, de blâmer les humains en général pour ces changements?

[…]

La société qui se révèle aujourd'hui indéniablement écocidaire n'est pas une machine ayant vu le jour il y a 300 000 ans; la grande majorité de l'histoire humaine n'a pas contribué au moment présent, et l'idée selon laquelle la technologie humaine est synonyme d'écocide est sans fondement et, en fin de compte, raciste. Elle invisibilise la grande majorité de l'expérience humaine, en particulier celle qui est extérieur à l'Europe et à son aire culturelle.»

Page 53

«S'il semble que tous les États soient écocidaires, toutes les sociétés qui endommagent leur environnement ne sont pas des États. Cependant, les hiérarchies sociales jouent toujours un rôle.»

Page 54-55

«Parmi les trois civilisations les plus anciennes — des sociétés basées sur l'agriculture de plein champ irrigué et au moins une certaine prévalence de la construction des villes — l'une d'entre elles, la civilisation de la vallée de l'Indus, ou civilisation harapéenne, ne semble pas avoir compris d'État. Elle présente en tout cas beaucoup moins de signes archéologiques d'étatisme que les civilisations de la vallée du Nil et de la Mésopotamie — signes tels que des monuments érigés à la gloire des souverains ou des divinités suprême, une inégalité de richesse, uns sous-alimentations des classes inférieures, une architecture militarisée ou d'autres signes de guerre permanente. S'il y avait une classe dirigeante, elle n'a laissé aucun signe de son existence, ce qui diffèrerait fortement de tous les États antiques connus.

Plutôt que de connaître un cycle d'expansion impériale et d'effondrement éventuel, comme les deux autres, la civilisation harapéenne tira sa révérence lorsque les conditions écologiques cessèrent de favoriser l'agriculture de plein champ et la vie urbaine dense. Ce bouleversement ne fut probablement pas de leur fait (une différence significative), mais résulta d'une interruption naturelle du cycle de la mousson et d'une diminution des précipitations. En réponse à cette crise, la société harapéenne migra vers les hautes terres, vers un territoire qui bénéficiait encore d'une irrigation naturelle suffisante, et s'orienta vers un modèle d'habitat plus décentralisé et à petite échelle.»