Le fascisme et la mort de l'univers
Le fascisme est une forme aiguë de peur de la mort…
La peur que notre langue, notre culture et nos privilèges disparaissent. Peur que s'évapore notre réalité. C'est la peur du changement. C'est l'angoisse de perdre notre identité, nos repères, notre moi, nos économies. Un désir de toujours ramener un passé fantasmé dans un présent incertain.
Et cette peur est canalisée et transmutée en une arme que nous retournons contre nous-mêmes.
Pourtant, nous n'avons pas toujours existé et nous n'existerons pas pour toujours. Idem pour notre culture, notre langue, notre pays; idem pour notre planète, notre Soleil ou l'univers.
Le fascisme ne veut pas seulement conquérir la mort… Il sème la mort pour se nourrir se préserver. Broyer tout ce qui challenge sa vision tordue de la réalité.
Donc le fascisme c'est aussi la peur de la vie, de l'imagination de la création, la peur du métissage qui les démultiplient, la peur de ce qui n'est pas aseptisé et qui grouille de vies.
Le fascisme cherche à assécher les marais et les eaux boueuses. Pourtant notre origine se trouve dans cette boue dans ces joncs, dans cette soupe, dans ces bordures, ces estuaires où explose la vie et toutes les possibilités présentes dans le vivant.
Le fascisme c'est les institutions qui n'acceptent pas leurs propres morts, qui n'acceptent pas que la vie n'a pas besoin d'elles.
Le fascisme est un immense ego collectif qui, se croit maître de la mort. Un ego collectif soufrant d'une fièvre mortifère induite par des psychopathes assoifés de sadisme et de dévots. Un monde malade incarné dans le pouvoir d'un leadership suprême.
Cela n'a rien à voir avec la culture, parce que la culture n'a pas de frontière, la culture bouillonne constamment dans tout ce que nous accomplissons, elle n'est pas figée, pas cloisonnée dans un format ou dans un ministère ou une institution; elle est portée par la vie; elle est effervescente elle est le reflet de nos relations avec les autres et notre environnement immédiat ou avec ce qui est plus grand que nous; elle est partagée distribuée par l'amour, la quête de plaisir et de beauté; par les passions les départs obligés, la tristesse et les naissances et les successions des saisons, de notre harmonie avec la nature et de ces ondes de chocs qu'elle nous procure.
L'univers tel qu'il est n'a pas toujours existé et n'existera pas pour toujours … Nous le constatons tous les jours, nous le voyons chaque matin devant notre miroir. (Nous n'avons à souffrir pour ceux et celles qui ne l'acceptent pas.)
Le début du fascisme, c'est le drapeau, c'est la frontière imposée. Là, où avant il y avait une libre circulation, une communication sans barrière, des partages constants, des communautés spontanées, il y a maintenant une distinction artificielle, deux semblants où l'on plante l'idée de la différence et de l'antagonisme identitaire.
D'ailleurs, il n'y a pas meilleur endroit qu'une région frontalière pour constater tout le factice que peut représenter le concept de nation. Le pays c'est le territoire qui se trouve sous nos pieds, celui qui est à l'échelle humaine, celui qui peuple l'imaginaire et l'horizon de nos jeux d'enfants. Celui qui est déterminé par nos relations, par nos sens et les histoires que nous ont racontées ceux et celles qui y vivaient avant nous.
Ce genre de pays, il a peut-être un drapeau, mais qui ne se prend pas trop au sérieux. Il n'a certainement pas d'armée, et ses frontières s'éloignent toujours farouchement à mesure qu'on les approche. Il a la parole qui s'ancre dans le regard présent.
«Katie Mack: The death of the universe — and what it means for life» https://yewtu.be/watch?v=BGNN7hK1rfA